Les opérateurs téléphoniques supportent mal de ne pas contrôler ce qui se passe dans leurs tuyaux, comme avec la télévision par câble. Le débat ne touche pas seulement aux idéaux ou à la gouvernance de l’Internet. Pour les opérateurs de télécoms, c’est leur place dans le secteur des médias qui est en train de se jouer, ils élaborent donc une nouvelle législation qui pourraient instituer des péages (un internet à deux vitesses)et altérer la nature démocratique du réseau … mais les défenseurs de la «neutralité» du réseau se sont coalisés pour empêcher le vote d’une telle loi, une nouvelle guerre des lobbies rêgne sur washington .
La question est donc de savoir si l’on peut faire confiance à une poignée de multinationales et de groupes financiers pour gérer internet et son avenir et si le besoin d’accroitre leur marge de profit n’ira pas à l’encontre de la neutralité et des consommateurs ( les internautes).
Le mot d’ordre de la coalition pour la neutralité du net est : «Save the Internet» (Sauvez l’Internet), Une pétition en ligne, qui a recueilli près de 760 000 signatures, demande aux parlementaires de soutenir la «neutralité du réseau» et d’écarter de l’Internet «les péages, les gardiens et la discrimination» que veulent s’octroyer quelques multinationales. Des artistes comme moby ou REM et certains grand groupes comme Google et Ebay font front pour d’éviter le pire: octroyer un pouvoir à quelques opérateurs qui régentrait le réseau des réseaux (internet).
Aujourd’hui, chaque donnée subit le même traitement entre son point de départ et son point d’arrivée, que ce soit le blog d’un particulier ou le site d’une multinationale. Profitant d’une loi plus générale sur les télécommunications, les opérateurs réclament la possibilité d’ouvrir des voies rapides, notamment pour la diffusion de vidéo à la demande. Le contenu acheminé bénéficierait d’un traitement préférentiel et pourrait être surfacturé, un système comparable aux autoroutes à péage. Le 26 mai, une commission de la Chambre des représentants a refusé de rentrer dans cette logique. Elle a voté une loi obligeant les opérateurs à respecter la neutralité du Net et à exploiter le réseau de manière «non discriminatoire». Mais la bagarre est loin d’être terminée. Il faut encore, courant juin, rendre ce texte compatible avec l’ensemble de la loi puis avec les projets du Sénat.
Si la neutralité du réseau n’est pas garantie, les compagnies de téléphone pourront s’accorder des privilèges, à elles et à leurs partenaires. Les défenseurs de la neutralité insistent en outre sur la libre concurrence et l’innovation. en effet, Les progrès de l’Internet ne sont pas venus des grandes compagnies mais de petites sociétés comme eBay, Google à leurs débuts, comme l’explique la coalition Save the Internet. Il en va de même de technologies comme le peer-to-peer, le podcasting (abonnement aux programmes audiovisuels) ou les blogs. C’est parce que chacun est sur un pied d’égalité que ces innovations ont été possibles. Si on retire la neutralité, les plus riche.
Face à la campagne de la coalition qui va à l’encontre de leurs futurs intérêts financiers, les compagnies de cable et téléphone se sont organisées en soutenant plusieurs initiatives. L’une d’elles, «Hands off the Internet» (Pas touche à l’Internet) . Soutenue financièrement par de nombreux opérateurs et équipementiers (AT & T, BellSouth, Alcatel, etc.), elle est coordonnée par Mike McCurry, qui fut porte-parole de Bill Clinton entre 1995 et 1998, et Christopher Wolf, conseiller juridique spécialisé dans l’Internet. Les opérateurs de télécoms, expliquent-ils, sont les premiers à investir dans les infrastructures. Seule la possibilité de facturer des voies rapides leur permettra de financer l’évolution du réseau.